samedi, 14 décembre 2024, 10:00 AM–7:00 PM,
Agence, BrusselsRêver des Communs. Comment faire perdurer les pratiques collectives ? Avec Fleur Courtois, Silvia Mesturini, Marie Moreau (co-autrice du Bureau des dépositions aujourd’hui empêché), Erika Sprey, Mihnea Tănăsescu et Agence.
Depuis maintenant une année, l’association bruxelloise Agence est engagée dans un processus, celui de "rêver" son devenir en constituant une praticauthèque: une compilation sans cesse croissante de "quasi choses" à la lisière et aux frontières du droit, de l’activisme et de l’art. Autant de processus et de pratiques, activés par des assemblées et des évènements, héritages de l’artiste Kobe Matthys. Mais comment les faire perdurer ?
Cette journée riche en évènements est un premier essai collectif de "rêve augmenté" pour Agence, où tisser ensemble les différentes lignes de vie constituant son écosystème. Via le droit d’auteur et la co-écriture, Marie Moreau et le Bureau des dépositions tentent de redéfinir le droit des étrangèr·es. Mais cette structure qui conteste la politique migratoire répressive française est empêchée dans son travail de cocréation par une décision de justice. Comment imaginer ensemble l’avenir du Bureau des dépositions? Avec Erika Sprey, les participant·es testent collectivement ce que deviendront les futures consultations et activations de la praticauthèque d’Agence, à travers la présentation de plusieurs cas oniriques au cours desquels la cosmologie autochtone s’oppose aux idées (post) modernes de marchandisation et d’enfermement. Cet exercice déclenche un dialogue collectif, avec Sprey et Mihnea Tănăsescu, où se demander comment ouvrir Agence à des échelles plus-que-humaines? Une piste: s’inspirer de plusieurs cas relatifs aux droits de la nature et voir ce que cela implique en termes de garde partagée des Communs. Fleur Courtois et Silvia Mesturini concluent avec une session expérimentale et utilisent l’outil philosophique qu’est le Tarot Souriau pour identifier les défis et réimaginer le futur d’Agence de façon pragmatique.
La journée a lieu au sein de la practicauthèque d’Agence, Rue Théodore Verhaegen 18, 1000 Bruxelles. Le café est servi à partir de 09:30, la session autour du Bureau des dépositions débute à 10:00, le déjeuner est prévu à 13:00, la session autour d'Agence commence à 14:00 et se clôture avec le tirage du Tarot Souriau à 17:00. Cette journée est gratuite et se déroule en anglais et en français. Réservez votre place en remplissant ce formulaire. La première session (Bureau des dépositions) ainsi que la seconde session (Dreamtime Agency) sont limitées à 40 personnes et le tirage du Tarot est limité à 15 personnes.
Marie Moreau est une artiste qui évolue dans les arts plastiques et la réalisation d’essais documentaires. Entre 2001 et 2006, elle co-active le Syndicat d’initiatives, développé à plusieurs reprises et présenté en 2006 à la Biennale de Paris. En 2012 elle crée Atlas Local, dispositif de récolte et de colportage de cartographies aléatoires. Puis en 2013, elle co-crée Crossing Maps, plateforme de recherche-création sur la cartographie du voyage rendu clandestin par les politiques migratoires. Depuis 2017 jusque 2023, elle chemine avec plusieurs personnes inquiétées et/ou ségréguées par les politiques migratoires. Le Bureau des dépositions est une cellule de refonte de la justice et de l’agir coopératif en co-auteur·ice. Ses dix co-auteur·ices ont créés plusieurs œuvres immatérielles et performatives. Elle vient de terminer Paradis barbarie, un film qui questionne le droit de l'environnement au travers du récit d'un ensemble de personnes malades, en rémission ou guéries de cancers.
Erika Sprey est une chercheuse, écrivaine, (para)curatrice, constellatrice systémique et coach d’artistes et d’activistes. En sa qualité d’ancienne curatrice en chef du Studium Générale de l’Académie Royale des Arts de La Haye, elle a développé des programmes éducatifs élargis tels que Wxtch Craft et Earth Craft. Son actuel projet de recherche indépendant Dream Craft, complète une trilogie visant à réécrire l’histoire coloniale eurocentrée, à retrouver des réservoirs de savoirs réprimés, tels que la sorcellerie et des façons ancestrales et situées de prendre soin de la Terre et à rêver avec (et pour) le collectif.
Mihnea Tanasescu est professeur et chercheur au Fonds de la recherche scientifique (FRS – FNRS) et enseigne à l’école des sciences humaines et sociales du département de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Mons. Les deux derniers livres dont il est l’auteur sont Ecocene Politics et Understanding the Rights of Nature : A critical Introduction.
Silvia Mesturini est anthropologue et enseigne à l’école de recherche graphique (erg) de Bruxelles et à l’UCLouvain. Ses recherches se concentrent sur la relation entre la médecine amérindienne et le pouvoir colonial, ainsi que sur la transformation de l’environnement et des modes de vie en ressources. Son travail se situe à l’intersection du féminisme et de l’épistémologie autochtone.
Fleur Courtois est philosophe et enseignante-chercheuse dans les écoles d’art bruxelloises que sont l’erg et l’INSAS. Elle est également membre du groupe d’études constructivistes de l’ULB et traductrice d’ouvrages anglo-saxons portant sur les sciences environnementales, l’écoféminisme et l’ethnographie.
Agence est une initiative internationale, et le nom générique d’une association enregistrée à Bruxelles, initiée an 1992 par Kobe Matthys (1970-2023). En collaboration avec des chercheur·euses, elle établit une liste de "quasi choses" qui résistent à la division radicale opérée entre les catégories de nature et de culture. Cette liste dérive principalement de cas juridiques litigieux, des premières pièces relatives aux communs datant du XVIIème siècle jusqu’à nos jours et provenant de l’ensemble des territoires du capitalisme globalisé. La crise écologique mondiale a ravivé un intérêt croissant pour les interdépendances et les milieux desquels nous dépendons, chaque milieu possédant des propriétés. Vivre dans un milieu étant synonyme d’adaptation réciproque à ces mêmes propriétés. Une résurgence de la propriété se plaçant en contraste total avec la définition juridique actuelle de propriété exclusive. Le concept colonial de propriété se basant sur la présupposition fondamentale d’une division entre ce qui relève de la nature et de la culture et par conséquent entre : expressions et idées, créations et faits, sujets et objets, humains et non-humains, originalité et tradition, individuel et collectif, esprit et corps, etcetera. Chaque controverse de la liste témoignant d’une résistance illustrées par ces divisions. Agence invoque ces quasi choses de sa liste lors d’assemblées qui prennent la forme d’expositions, de performances, de publications.